« Je protège, je filtre et je motive Naïs »

Sous ses dehors fragiles, Naïs Pirollet est une candidate déterminée. C’est presque un clone qu’elle a choisi pour la coacher, « une cheffe pleine de vitalité et d’énergie qui s’engage toujours à 200% dans ce qu’elle fait », dit-elle. On a échangé quelques mots avec Tabata Mey, cheffe étoilée des Apothicaires, et cocréatrice de Food Traboule à Lyon, à un mois du Bocuse d'Or Europe (23-24 mars) à Budapest, en Hongrie. 

Racontez-nous comment cette association s’est dessinée.

J’avais déjà une certaine proximité avec la team France du Bocuse d’Or, on les connaît bien tous ces Lyonnais, on les a fêtés dans nos établissements avec Ludo (Ludovic Mey, son époux, ndlr). Naïs m’a approchée après le Bocuse d’Or France, où j’étais membre du jury et où elle a mis une énorme pile aux autres, avec 300 points d’avance ! J’admire son naturel, sa droiture et son éthique. Je me retrouve dans sa volonté de ne jamais rien lâcher, sa curiosité, son engagement. On est tellement similaires que ça a matché tout de suite entre nous. Elle est venue me chercher alors que je n’ai aucune expérience en concours, que je ne suis pas MOF… J’ai juste été membre du jury à trois reprises, mais ce qu’elle est venue chercher chez moi, c’est justement ça : le fait que je ne sois pas « calibrée » concours, elle veut ma gniaque et ma détermination. 

La Luxembourgeoise Lea Linster, vainqueure en 1989, Amandine Chaignot et Noémie Honiat en France sont les rares femmes à s’être illustrées dans ce concours… Vous êtes le seul attelage féminin du Bocuse d’Or Europe 2022, êtes-vous conscientes du coup de projecteur sur l’évolution du concours en termes de visibilité féminine que vous offrez ?

Encore un sujet sur lequel Naïs et moi sommes sur la même longueur d’ondes. On n’en fait pas une « cause féministe », même si on est conscientes que l’image et l’avancée sont belles. On est dans un concours, à égalité avec tout le monde. Les mêmes règles pour tous et que le meilleur candidat gagne. 

Naïs Pirollet, 24 ans, avec son commis Cole Millard et sa coach Tabata Mey.

Comment vous y prenez-vous avec Naïs ? Quel est votre rôle dans le scénario de cette jolie histoire ?

Je la protège, je filtre et je la motive. On dépassionne les choses, on analyse et après on avance. Elle est maîtresse de sa cuisine, elle se concentre dessus avec son commis Cole Millard qui était déjà à ses côtés au Bocuse d’Or France, et je gère tout le reste avec Julien Dubois, le chef de projet logistique, et Arthur Debray, qui occupe le poste qu’avait Naïs dans la team Tissot à la recherche & développement. On se voit entre deux et quatre jours par semaine au Refuge, où tout se prépare.

À qui demandez-vous conseil pour ce nouveau challenge ?

Je consulte beaucoup Yohann Chapuis, qui a été le coach de Davy Tissot, mais surtout, j’écoute ce que me dit Naïs.

Le travail sur la pomme de terre, ingrédient phare hongrois, et le chevreuil pour l’épreuve du plateau, le travail avance bien ?

Le plateau avec le chevreuil, on est quasi au point et la pomme de terre on a un petit problème : on attend des pommes de terre de Hongrie pour des tests ! L’approvisionnement par les temps qui courent, c’est tout une histoire ! On va donner le meilleur de nous-mêmes avec les conditions qui ne sont pas toutes réunies pour y aller sereinement. On a pris six mois dans la vue avec le covid et du retard sur les autres équipes en termes de préparation avec les suites de la victoire l’an dernier etc. Mais je répète à Naïs que Budapest n’est qu’une étape, que je crois en elle et qu’on peut tout déchirer. Jusqu’au bout. J’ai hâte d’être au 17 mars quand on se rendra dans ce beau pays que je connais déjà grâce à Tamas Polgar, notre second aux Apothicaires qui est aussi à notre Comptoir à Food Traboule qui nous y a emmenés. 

© Alexandra Battut

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